Journal de bord: de la Sicile aux Baléares

27 September 2016

Dans ma grande migration automnale, je viens de compléter ma 2e grande traversée: de la Sicile aux Baléares (sud de l’Espagne). Je suis arrivé à Palma de Mallorca ce matin sous un soleil radieux et de faibles vents. Pour ce périple, j’étais accompagné de mon ami Carl, qui avait participé à la traversée de l’Atlantique l’an dernier. Ce fut l’occasion de renouer avec cet ancien collègue avec qui j’ai passé 12 ans de ma vie!

Carl repartira d’ici dans quelques jours et j’aurai un nouvel équipier pour la suite du voyage… À suivre!

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Lundi, 23 septembre

9:00 Départ de Vulcano, dans les îles Ionienne (au nord de la Sicile).

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18:30 Thon à la japonaise. Miam!

19:00 Un poisson assez gros mord sur notre appât sardine. Il coupe la ligne avec ses dents. Adieu petite sardine, grâce à toi, nous avons pêché plusieurs beaux thons!

22:00 Un petit détour nous a permis de nous rapprocher suffisamment de l’île de Ustica pour capter le réseau cellulaire, donc ramasser un dernier fichier météo par Internet.

 

Samedi, 24 septembre

5:00. L’autopilote vient de nous lâcher avec une cacophonie d’alertes sonores. Nous avons également perdu la vitesse du bateau, le profondimètre, la position GPS et l’AIS. J’investigue un peu et on réussi, en débranchant plusieurs systèmes, à retrouver l’autopilote. Ça prend une heure, mais cela nous permet de nous recoucher.

8:00. Lever et déjeuner. On entame notre mission pour comprendre pourquoi le pilote nous a lâché. C’est quand même le système le plus important du bateau! On se fait un diagramme avec tous les systèmes Raymarine à bord et on essaie de comprendre d’où vient la panne.

12:00 Croque-thon… sans thon! Petit oubli du cuisinier.

13:00. On passe à quelques mètres de deux groupes de baleines avec leurs petits. Je me dit que ce sera des séquences de drone incroyable, pour réaliser que mon téléphone n’a pas plus de batterie. (Il est essentiel pour cadrer les images du drone). On essaiera en vain de les retrouver après que le téléphone ait un peu d’énergie.

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16:00 On passe à côté d’une grosse tortue. Carl la prend en photo pendant que j’essaie de la filmer avec le drone. Je découvre que c’est un grand défi de piloter le drone pour ce genre de séquence. Premièrement, il faut retrouver le sujet et dans le bleu de l’océan, c’est comme chercher une aiguille dans une botte de foin. On a dû rapprocher le bateau à côté de la tortue pour que je puisse avoir un point de référence et ainsi obtenir le sujet dans la lentille. Ensuite, c’est un défi pour le drone de se maintenir en position au dessus des vagues. Il a tendance à monter et descendre au rythme de la houle…. J’ai quand même réussi à avoir quelques secondes de vidéo qui valent la peine.

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18:00. Le problème de l’électronique à bord semble venir de l’avant du bateau, là où il y a le profondimètre/indicateur de vitesse. Nous réussirons à revenir à la normale en terminant la boucle Raymarine NG avant qu’elle se rende à l’avant du bateau. Au moins, ça nous aura donné la chance de produire un beau schéma de ce côté obscur de Jayana…

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19:00 Cari de poulet pour souper.

 

Dimanche, 25 septembre

6:00. La porte électrique n’ouvre plus. On découvre plus tard que la courroie d’entraînement est cassée. Probablement à cause de la rouille qui a corrodé les fibres de métal. Superbe ingénierie, elle a été installée au mois de mai!

10:00 Nous avons choisi de serrer la côte de la Sardaine pour un objectif bien précis: capter le réseau cellulaire et obtenir Internet à bord. Cela nous permet de télécharger des fichiers météos haute résolution pour le reste de la traversée.

11:00. Carl prend la décision que nous continuerons directement à Palma de Mallorca. Il n’y avait que des plages de sable blanc en Sardaigne… L’appel des tapas espagnol se fait sentir!

14:00. Je prépare une lasagne végétarienne. Je croyais qu’on aurait des lunchs, mais c’était bon à s’en lécher les doigts.

16:00 Les effluves d’un bon pain frais emplissent la cabine! Carl voulait renouer avec ses talents de maître-boulanger en mer.

19:00 Carl nous prépare un festin de saumon farci d’épinard et d’emmental.

22:00.  Tous nos feux sont éteints. On a l’impression de naviguer dans la poudre de fée. On passe dans un endroit où il y a beaucoup de bioluminescence. Les vagues d’étraves sont vertes grâce au plancton qui brille intensément quand il est dérangé. Derrière, ce sont les méduses luminescentes qui sont telles des lanternes sous-marine à notre passage. On imagine la navigation au temps des anciens, de telles beautés ne pouvaient qu’être attribuées aux dieux! Malheureusement, aucune photo ne peut rendre justice à ce spectacle.

Lundi, 26 septembre

2:00 Une ligne d’orages électrique se dresse devant nous. Je prépare le bateau pour limiter les dégâts si jamais on était foudroyé: ordinateurs et iPad sont débranchés des alimentations, je repasse en revue les mesures d’urgence et les procédures d’évacuation. Finalement, à force de se dérouter et de tricoter, nous réussissons à nous faufiler entre les maillons de la chaine. (Le moteur de Jayana est bardé d’électronique à cause du système Dock & Go, donc la foudre peut sérieusement nous handicaper. Il faut aussi penser que la foudre entre par le mât et doit ressortir. Si jamais elle sort à la ligne de flottaison, elle peut creuser un/des trou(s) des la coque et ainsi créer une voie d’eau qui peut être importante. Vaut donc mieux être prêt si cela arrive pour éviter la panique. ) 

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6:00 Enfin un peu de vent! (12-14 noeuds) Le code zéro nous porte à 7.2 noeuds.

14:00 Nos repas décalent un peu a chaque jours.  Nous mangeons une quiche vers 14h.

19:00 Alors qu’on écoute un film (Gladiateur), on entend un gros bruit sur le roof. On accourt inspecter et on réalise que la manille qui tient le point d’écoute de la grande voile a lâché. La grande voile libérée, elle a arraché le lazy jack bâbord. La manille ne se change pas sans retirer complètement le bout de la bôme, erreur de Beneteau. On décide alors de ne pas réparer et de ranger la grande voile. Il nous reste 111 miles à faire. La grande houle rend le bateau très inconfortable. On utilise le code 0 pour se stabiliser mais il manque de vent pour faire un bon travail.  Nous décidons alors de remonter la grande voile, mais avec un ris, afin de la monter malgré que le point d’écoute soit libre.

20:00 Sylvain prépare des roulés à l’aubergine, farci au ricotta, une spécialité grecque que nous avons adopté. Le saumon qui accompagne le plat n’a cependant pas une odeur et une texture ragoûtante. Il finira par aller nourrir les poissons.

21:00. Le bateau se fait balloter par une grande houle venant du nord. Je pousse le moteur à 2500 tours pour accélérer la cadence à plus de 7.0 noeuds. Je pense que j’ai hâte d’arriver!

 

Mardi, 27 septembre

10:00. On contacte deux marinas et elles sont complètes! Il y a en a des bateaux à Palma!

11:00 Enfin, on trouve une place dans une marina de charter. Nous pouvons y rester jusqu’à vendredi…

18:00. Toutes les avaries subies par Jayana pendant le voyage sont maintenant réparées.

21:00. On apprécie la vie sur terre avec une sangria et la vue sur la cathédrale de Palma.

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2 Commentaires

  1. Commentaire par Serge

    Serge 27 September 2016 at 7:18 pm

    On ne s’ennuie jamais sur un voilier. une autre preuve. As tu compter le nombre de fois que tu à enlevé le bouchon de bôme? Les vis sont sûrement facile à enlever 😉

  2. Commentaire par Carl Dionne

    Carl Dionne 28 September 2016 at 2:12 am

    @Serge – tu as bien raison 🙂 Les vis s’enlèvent maintenant sans aucune difficulté! Tu as manqué une belle traversée…

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