Le choix du voilier

Pour les Caraïbes, Méditerranée ou Pacifique?

Les deux tourtereaux se sont rencontrés sur le premier bateau du capitaine, à savoir un Beneteau First 35s5 1993. C’était un magnifique bateau au design très avant-gardiste grâce à la plume de Philippe Starck. L’ambiance à l’intérieur ressemblait davantage à un lumineux appartement de New York qu’à un intérieur de bateau. C’était un bateau parfait nos apprentissages au Lac Champlain, mais nous rêvions d’avoir quelques pieds de plus.

En 2010, avant de se mettre à la recherche d’un nouveau bateau, nous avons élaboré nos critères et notre plan de navigation. D’abord, il nous fallait un bateau capable de transporter notre famille actuelle et à venir. Avec un départ autour de 2015, nous savions que le plus vieux aurait 5 ans et il y aurait un plus jeune. Ensuite, il nous fallait avoir une bonne idée du plan d’eau que nous voulions naviguer. Les choix qui s’offraient à nous étaient les suivant: les Caraïbes, la Méditerranée et le Pacifique. Pour la Méditerranée, un monocoque d’une taille inférieure à 50′ (15m) est préférable pour pouvoir facilement dénicher un quai en haute saison. Pour les Caraïbes, à peu près n’importe quelle coque de noix peut faire l’affaire, car la navigation est extrêmement facile avec des vents portants, des distances réduites et des mouillages à profusion. Dans, le Pacifique, les distances à parcourir sont très grandes et certaines îles n’offrent peu ou pas de mouillages intéressants. (Île de Pâques, Pitcairn entre autres).

Rapidement, nous avons écarté la possibilité de commencer dans le Pacifique.Les distances sont colossales: il faut compter près d’un mois en mer après Panama pour se rendre aux Marquises ou à l’Ile de Pâques (bien qu’on peut faire escale aux Galapagos après une semaine). Avec de jeunes enfants et une maman sujette au mal de mer, c’est probablement le meilleur moyen de faire haïr la voile à toute la famille de commencer un tel périple par cette région. On a donc décidé de commencer par les Caraïbes mais le réel plan d’eau que nous voulions naviguer était la Méditerranée. J’ai donc dû, à contre-coeur, abandonner l’idée que mon prochain bateau serait un catamaran Catana 471, mais plutôt un voilier entre 47 et 50’.

La décision

Un choix sensé!

Toute recherche de bateau passe systématiquement par le site YachtWorld.com et une présence à quelques salons du bateau. C’est ainsi que nous avons visité ceux d’Annapolis (x2), Miami, Canne et La Rochelle. Après des dizaines de visites et des centaines d’heures de recherche, notre liste de critères allongeait: intérieur lumineux, vision panoramique pour voir les enfants, accès facile à l’eau, carène rapide. Heureusement, un bateau a émergé du lot car il essayait de marier les avantages du voilier à ceux d’un catamaran. Le design était radicalement différent de tous les autres bateaux sur le marché, mais cette différence était exactement ce que nous recherchions: un énorme cockpit séparé par seulement 3 marches du carré. Ce design n’est pas idéal pour affronter une mer formée par un vent de force 10 et plus, mais le confort au mouillage et à quai est inégalé. Comme nous n’avons aucun agenda à suivre, nous avons le luxe du temps, donc le choix de nos fenêtres météos. Nous n’avons rien à prouver à essayer de braver les forces de la natures, alors nos traversées vont s’effectuer dans les conditions optimales à tous les coups.

Après de multiples négociations avec des revendeurs de Beneteau en France, à Montréal et en Floride, nous avons passé notre commande en Avril 2011 chez Florida Yacht Group. Leur prix était près de $100,000 de moins que le détaillant local pour la même configuration. Le service avant-vente avec Fokke fut excellent. Il nous a même arrangé une visite à l’usine Beneteau à St-Gilles-Croix-de-Vie (France). Nous avons donc pu voir notre bateau sur la ligne de montage.

La préparation

Comme une maison à équiper

Le 16 décembre 2011, le bateau est arrivé après un long voyage sur un cargo qui l’a conduit jusqu’à Baltimore, et ensuite par camion jusqu’à West Palm Beach en Floride. Le capitaine était fébrile l’approche du gros camion emportant son plus gros cadeau à vie! Quelques heures se sont écoulées avant que je puisse monter à bord et faire le tour du propriétaire. Il s’en est suivi d’un marathon pour préparer le bateau pour sa première traversée, un convoyage avec 6 personnes à son bord de West Palm jusqu’à George Town, dans les Exumas (Bahamas). James a travaillé pendant 6 semaines pour préparer ce bateau, du jamais vu car les systèmes électriques et électroniques sont très complexes. Daniel Nadeau, un ami et capitaine d’expérience est venu me prêter main forte pour d’autres travaux, dont l’installation de la radio amateur.

Le bateau a été baptisé Jayana, ce qui signifie «Celui qui revient avec la victoire» en sanskrit, la langue sacrée des Hindu et aussi utilisée par les Bouddhistes. Le papillon symbolise le monarque, un papillon réputé pour son endurance et sa migration en Amérique du Nord. Jayana sera non seulement notre maison, mais aussi notre véhicule pour butiner d’ile en île et nous conduire au delà de l’horizon pour nous permettre de revenir la tête bourrée de souvenirs et d’expériences, l’esprit heureux et satisfait d’avoir vécu l’aventure d’une vie.

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